Dans le débat houleux autour des incitations pour véhicules électriques au Canada, Tesla a récemment répondu à Transports Canada concernant un afflux suspect de demandes de subventions. Alors que le programme de 5 000 $ s’épuisait rapidement, des anomalies dans les dépôts ont alarmé les concessionnaires et la porte-parole Chrystia Freeland.

Tesla a récemment répondu à Transports Canada concernant sa demande de subventions soudaines de 43 millions d’euros, affirmant qu’il s’agissait d’un malentendu. La société a expliqué que ces demandes faisaient partie du processus normal et qu’elles concernaient des ventes antérieures non déclarées.
Rappelons qu’auparavant, Canada offrait un incitatif de 5 000 euros pour l’achat de véhicules électriques, similaire à l’incitation fédérale de 7 500 euros des États-Unis issue du plan de réduction de l’inflation de Biden. Toutefois, ce programme a pris fin plus tôt cette année, car les fonds se sont épuisés plus rapidement que prévu, et il semblait peu probable que le gouvernement le renfloue rapidement. De plus, le Canada traverse actuellement un processus électoral fédéral tumultueux, rendant une telle initiative encore moins probable.
En janvier, le gouvernement a averti que le programme serait bientôt épuisé, laissant aux concessionnaires seulement quelques jours pour demander les incitations. En mars, le Toronto Star a rapporté des événements inhabituels concernant Tesla, ayant déposé 8 653 ventes de véhicules électriques dans les 72 heures suivant l’annonce d’incitations, un chiffre anormalement élevé.
Un des magasins Tesla, situé à Québec, aurait déclaré 4 000 remises durant un week-end, ce qui semble irréaliste pour un établissement de cette taille, représentant une augmentation quotidienne de livraisons de 20 fois. Un autre magasin à Etobicoke aurait déclaré 2 528 remises, ce qui excède le total antérieur de toutes les remises cumulées dans ce même endroit.
L’Association canadienne des concessionnaires automobiles a tiré la sonnette d’alarme, précisant que les concessionnaires avaient été privés d’environ 10 millions d’euros de remises représentant 2 295 voitures. Les concessions ont affirmé que Tesla avait « manipulé le système » et qu’elle avait « éliminé tout le monde ». En réponse, le 25 mars, Tesla a vu 43 millions d’euros de remises bloquées alors que le gouvernement enquêtait sur cette augmentation soudaine des demandes d’incitation.
Actuellement, Tesla Canada a fait une déclaration concernant la situation, affirmant qu’elle n’avait rien fait d’anormal, mais avait simplement soumis plusieurs demandes en retard, conforme au programme. Dans une lettre datée du 28 mars, Fereshteh Zeineddin, directrice des ventes et du service de Tesla pour le Canada, fait savoir que les dépôts de Tesla étaient normaux et que Transports Canada aurait dû le savoir.
Le fonctionnement de l’incitation permet à un concessionnaire d’offrir un rabais aux clients, puis d’être remboursé par le gouvernement après dépôt d’une demande. Ce qui signifie que ces fonds ne sont pas des subventions directes versées à Tesla, mais plutôt à leurs clients canadiens, et que Tesla facilite ce processus.
Tesla soutient que les dépôts en retard sont toujours permis et assure avoir respecté les règles du programme, ce qui lui a valu de bonnes relations avec le gouvernement canadien. Toutefois, la société ne précise pas dans sa lettre combien de ses dépôts du week-end concernaient des ventes antérieures.
Par ailleurs, Tesla exprime sa surprise de ne pas avoir été informée directement par le gouvernement de l’enquête sur les incitations, mais d’avoir appris la nouvelle par les médias. La société pourrait envisager une action en justice si les paiements ne reprennent pas, tout en comprenant qu’il est possible qu’elle ne reçoive pas de paiements pour chaque livraison en fonction du financement du programme.
Dans la lettre, Tesla se positionne en victime, affirmant qu’à cause de l’enquête de Transports Canada sur ces demandes d’incitation, ses employés ont souffert d’une perception publique négative, et qu’ils sont de plus en plus soumis à des agressions verbales et du harcèlement de la part des Canadiens.
Analyse de la situation
Malgré cette réponse, des doutes persistent quant aux affirmations de Tesla concernant les incitations. Les milliers de demandes soumises sur un week-end représenteraient plusieurs mois de retard accumulé sur les incitations. Bien que le désordre soit une réalité fréquente pour Tesla, il semble peu probable que sa filiale canadienne, forte de 1 400 employés, ait pu ignorer des dizaines de millions d’euros de revenus pendant plusieurs mois.
Les plaintes relatives à un manque de communication de la part du gouvernement pourraient également entrer dans cette même catégorie. Si Tesla est réellement aussi désorganisée pour laisser des millions sur la table, il se pourrait qu’elle soit aussi désorganisée pour recevoir des communications importantes de la part du gouvernement concernant le programme d’incitations.
Actuellement, la perception publique de la société est affectée par son PDG, Elon Musk, qui semble s’efforcer de nuire à sa réputation quotidienne. Son lien étroit avec l’ancien président Donald Trump, un criminel condamné, contribue également à cette perception négative. Cette association pourrait nuire aux ventes de Tesla, surtout en Canada, où le climat politique est déjà difficile.
Enfin, le ministre des Transports du Canada, Chrystia Freeland, a explicitement déclaré qu’aucun paiement ne sera effectué tant que la validité des demandes ne sera pas confirmée. Elle a également ordonné à son ministère de modifier les critères d’éligibilité pour d’éventuels programmes iZEV à l’avenir, afin d’exclure les véhicules Tesla tant que des tarifs américains illégitimes peseront sur Canada.
De plus, le ministre de l’Énergie de Colombie-Britannique, Adrian Dix, a également retiré les produits Tesla d’un programme de subventions pour les bornes de recharge, affirmant qu’ils ne devraient pas bénéficier de subventions publiques dans la situation actuelle.
Mon avis :
Tesla a récemment fait l’objet d’une controverse au Canada concernant une demande massive de subventions pour véhicules électriques, illustrant la complexité des relations entre entreprises et gouvernements. Les allégations de « manipulation du système » par Tesla soulèvent des questions sur la transparence et l’éthique, tandis que ses arguments sur les retards de traitement soulignent les défis du secteur. Bien que Tesla contribue à l’adoption des véhicules électriques, sa gestion de cette situation pourrait entraver sa réputation à l’avenir.
Les questions fréquentes
Quelles sont les récentes controverses concernant les incitations pour l’achat de véhicules électriques au Canada ?
Tesla a été accusé d’avoir profité d’un système d’incitation du gouvernement canadien en déposant un nombre anormalement élevé de demandes de remboursement dans les derniers jours du programme en mars. Cette situation a suscité des préoccupations parmi les concessionnaires canadiens qui se sont battus pour obtenir des incitations et ont estimé que Tesla avait "manipulé le système".
Quelles incitations étaient auparavant disponibles pour l’achat de véhicules électriques au Canada ?
Jusqu’à récemment, le Canada offrait un incitatif de 5 000 $ pour l’achat de véhicules électriques, similaire aux 7 500 $ proposés par le gouvernement américain dans le cadre de la loi sur la réduction de l’inflation. Cependant, ce programme a pris fin plus tôt que prévu en raison d’un manque de fonds.
Comment Tesla a-t-il répondu aux accusations concernant ses dépôts d’incitation ?
Dans une lettre, Tesla a déclaré que ses demandes de remboursement étaient normales et qu’elles correspondaient à des ventes en attente. L’entreprise a insisté sur le fait qu’elle respectait les règles du programme et qu’elle n’avait rien fait de mal. Tesla a également exprimé sa surprise de ne pas avoir été informée de l’enquête par les autorités, mais plutôt par les médias.
Quel impact ces événements ont-ils eu sur la perception publique de Tesla au Canada ?
La perception publique de Tesla au Canada a été affectée, en particulier à cause de la liaison de son PDG, Elon Musk, avec des figures politiques controversées et des allégations de comportement illégal. L’enquête en cours sur lesincitations a exacerbé ce problème, entraînant un environnement hostile pour les employés de Tesla qui se sentent harcelés par le public.