Le Stade Rennais, l’un des clubs les plus emblématiques de France, affiche une présence impressionnante sur la scène européenne. Mais malgré sa réputation croissante et ses performances en Ligue 1 et en Coupe d’Europe, il manque toujours un élément essentiel pour se classer parmi les géants : un palmarès réellement étoffé et un effectif dominé par des stars françaises. Comment ce club ambitieux se distingue-t-il sans être couronné de titres majeurs et en l’absence de véritables figures emblématiques hexagonales ?
Stade Rennais : Aux origines d’une Institution bretonne
Fondé le 10 mars 1901 par quatre étudiants rennais, le Stade Rennais débute comme un club omnisports, où l’on pratique l’athlétisme et bientôt le football. Deux semaines après sa création, le club dispute son premier match contre le Football Club Rennais, mais s’incline lourdement (0-6).
En avril 1902, la structuration du football en Bretagne s’accélère avec la fondation du comité régional de l’USFSA (Union des sociétés françaises de sports athlétiques), dont le Stade Rennais devient un membre clé. Le club remporte son premier championnat régional en 1903, avant de fusionner, le 4 mai 1904, avec le Football Club Rennais pour devenir le Stade Rennais Université Club (SRUC). Cette union vise à rivaliser avec l’Union Sportive Servannaise, redoutable équipe malouine composée de joueurs britanniques. C’est à cette période que le club adopte les rayures rouges et noires emblématiques, abandonnant son bleu originel.
Durant les années qui suivent, le SRUC se diversifie avec des sections de rugby, cross-country et hockey. En 1912, sous l’impulsion de son entraîneur Griffith, le club quitte son terrain historique de la Mabilais pour s’installer au Parc des Sports du Moulin du Comte, aujourd’hui connu sous le nom de Roazhon Park.
Jusqu’en 1914, le Stade Rennais et l’US Servannaise se partagent les titres régionaux, posant ainsi les bases d’une rivalité qui marquera l’histoire du football breton.
Stade Rennais : Entre guerres et premiers succès
Après une courte interruption due à la Première Guerre mondiale, le Stade Rennais reprend les compétitions sous l’égide de l’USFSA. En 1916, il décroche son premier titre national en remportant la Coupe des Alliés face au Club Sportif des Terreaux. Peu après, le club participe à la première Coupe de France, mais son parcours s’arrête en quarts de finale.
Dans les années 1920, le Stade Rennais domine les compétitions régionales, souvent accompagné par l’US Servannaise. Sur la scène nationale, le club brille notamment en 1922 en atteignant la finale de la Coupe de France, après une demi-finale héroïque contre l’Olympique de Paris. Toutefois, les Rennais s’inclinent face au Red Star (0-2).
Les années suivantes sont marquées par des déceptions en Coupe de France, aggravées par des décisions fédérales défavorables. En 1929, le Stade Rennais UC refuse de participer à un championnat régional réformé, ce qui le pousse à quitter le cadre fédéral. Pendant trois saisons, le club se concentre sur des matchs amicaux, disputant près de 100 rencontres, dont 29 contre des équipes étrangères.
Stade Rennais : Entre professionnalisme et instabilité
En 1932, sous l’impulsion de son président Isidore Odorico, le Stade Rennais accède au professionnalisme et s’engage dans le premier championnat de France. Walter Kaiser, attaquant du club, devient le premier meilleur buteur de l’histoire de la Division 1. Cependant, sur le plan collectif, le Stade Rennais peine à s’illustrer.
En 1935, les Rennais atteignent à nouveau la finale de la Coupe de France, mais sans leurs buteurs Walter Kaiser et Walter Vollweiler, blessés. L’Olympique de Marseille s’impose largement (0-3). Les difficultés sportives s’accompagnent de problèmes financiers : relégué en Division 2 en 1937, le club frôle la faillite avant d’être sauvé par une souscription publique et une subvention municipale. Promu en 1939, le Stade Rennais voit ses ambitions stoppées par la Seconde Guerre mondiale, qui interrompt les compétitions.
En 1945, le Stade Rennais reprend sa place en Division 1. Sous la direction de François Pleyer, entraîneur-joueur, le club réalise sa meilleure performance d’après-guerre avec une 4e place en 1949. Mais les saisons suivantes sont plus compliquées, et après une relégation en 1952, Pleyer est remplacé par Salvador Artigas. Malgré ce changement, le club oscille entre la Division 1 et la Division 2 jusqu’en 1958.
L’arrivée de Louis Girard à la présidence en 1954 apporte un souffle nouveau. Le Parc des Sports de la Route de Lorient est rénové, et des entraîneurs ambitieux comme Henri Guérin et Antoine Cuissard sont recrutés. Malgré une demi-finale de Coupe de France en 1959, le Stade Rennais peine à retrouver son lustre.
Stade Rennais : L’âge d’or de la Coupe de France
En 1964, l’arrivée de Jean Prouff comme entraîneur marque un tournant pour le Stade Rennais. Ancien joueur du club, il impose un style offensif qui transforme l’équipe. Dès sa première saison, les Rennais terminent quatrièmes en championnat, affichant la meilleure attaque de Division 1. Mais c’est en Coupe de France que le club brille : après une victoire éclatante contre l’AS Saint-Étienne en demi-finale (3-0), Rennes atteint la finale contre l’UA Sedan-Torcy.
Le 26 mai 1965, lors du match rejoué au Parc des Princes, les Rennais s’imposent 3-1 grâce à un doublé de Daniel Rodighiero et un but de Marcel Loncle, devenant ainsi le premier club breton à remporter la Coupe de France. À leur retour, les joueurs sont accueillis triomphalement à Rennes par des milliers de supporters.
En 1971, une nouvelle génération de joueurs permet au club de rééditer l’exploit. Après une demi-finale mémorable contre l’Olympique de Marseille, remportée aux tirs au but grâce au gardien Marcel Aubour, Rennes affronte l’Olympique Lyonnais en finale. Une faute sur André Guy offre un penalty décisif, qu’il transforme lui-même. Rennes s’impose 1-0 et décroche sa deuxième Coupe de France en six ans.
Ces succès marquent l’histoire du club, même si les Rennais peinent à les confirmer sur la scène européenne, éliminés dès le premier tour par le Dukla Prague en 1965.
Stade Rennais : Renouveau et luttes financières
Après leur victoire en 1971, le Stade Rennais subit plusieurs changements. Jean Prouff prend du recul en 1972 pour devenir directeur technique, avant de quitter le club un an plus tard. Le 23 mai 1972, la section football prend son autonomie et devient le Stade Rennais Football Club (SRFC).
Malgré l’arrivée du talentueux attaquant Laurent Pokou, le club est relégué en deuxième division à la fin de la saison 1974-1975, marquée par des tensions internes. En janvier 1978, le SRFC frôle la faillite, mais grâce à l’intervention de ses dirigeants, le club évite la liquidation judiciaire. Après un redressement judiciaire, une politique d’austérité est mise en place, et le club survit grâce à une gestion plus stricte.
Le début des années 1980 marque une remontée progressive sous la direction de Pierre Garcia, et en 1983, le club retrouve la Division 1. Cependant, cette période de prospérité est de courte durée, avec des allers-retours entre la D1 et la D2 tout au long de la décennie, malgré le recrutement de joueurs comme Pierrick Hiard et Yannick Stopyra.
En 1993, l’arrivée de Michel Le Milinaire et du groupe Pinault comme sponsor marque un tournant. Le Stade Rennais, renforcé par des talents comme Sylvain Wiltord, retrouve la Division 1 et se maintient, se qualifiant même pour la Coupe Intertoto en 1996. Cependant, en 1998, le club échappe à la relégation de justesse, sauvé par un but de Kaba Diawara lors du dernier match de la saison.
Stade Rennais : La renaissance et les défis financiers
Après un sauvetage in extremis en 1998, François Pinault, via sa holding Artémis, devient actionnaire majoritaire du Stade Rennais. La municipalité, propriétaire du club depuis 1987, cède progressivement ses parts au milliardaire breton sur une période de trois ans.
Cette nouvelle direction s’accompagne d’une modernisation des infrastructures, avec la rénovation du Stade de la route de Lorient et la création du centre d’entraînement de la Piverdière. Sportivement, ces changements portent rapidement leurs fruits : le club termine cinquième en 1999. Cependant, après une saison mitigée, les investissements massifs dans les transferts, notamment des joueurs sud-américains à prix élevés, ne donnent pas les résultats attendus. Le Stade Rennais peine alors à convaincre et lutte plusieurs années contre la relégation.
Stade Rennais : Stabilisation et ambitions européennes
L’arrivée de László Bölöni en 2003 marque un tournant pour le Stade Rennais. Le club mise alors sur son centre de formation, notamment la génération 2003 qui remporte la Coupe Gambardella. Couplée aux recrutements de joueurs comme Alexander Frei, Petr Čech et Kim Källström, cette nouvelle dynamique permet au Stade Rennais de décrocher la quatrième place en 2005, synonyme de qualification pour la Coupe UEFA.
Sous la direction de Bölöni, puis de Pierre Dréossi, le Stade Rennais s’installe durablement dans le haut du classement de Ligue 1, devenant un prétendant régulier aux places européennes. En 2007, le club est tout proche de décrocher une place en Ligue des champions, mais échoue de peu.
Entre 2004 et 2009, le Stade Rennais ne descend jamais sous la septième place en championnat, mais ne parvient pas à enrichir son palmarès. En 2009, 2013 et 2014, il échoue en finale de Coupe de France et en Coupe de la Ligue, respectivement contre Guingamp et Saint-Étienne.
Stade Rennais : Stagnation et renouveau
Entre 2014 et 2017, sous les directions successives de Philippe Montanier, Rolland Courbis et Christian Gourcuff, le Stade Rennais stagne en Ligue 1, se classant 9e en 2015, 8e en 2016 et 9e en 2017. Le club ne parvient plus à prétendre à une qualification européenne ni à la relégation.
Lors de la saison 2017-2018, après un début de saison compliqué sous Gourcuff (quatre victoires en 12 matchs), il démissionne avec René Ruello, et le duo Olivier Létang-Sabri Lamouchi prend la relève.
En 2018, le Stade Rennais atteint la demi-finale de la Coupe de la Ligue, mais est éliminé par le Paris Saint-Germain (3-2). La seconde partie de la saison voit le club retrouver la Ligue Europa, six ans après l’avoir quittée, grâce à une victoire décisive 2-0 contre le PSG au Parc des Princes, avec des buts de Benjamin Bourigeaud et Adrien Hunou.
Stade Rennais : De la coupe à la Ligue des Champions
La saison 2018-2019 marque un tournant pour le Stade Rennais, qui réalise le meilleur parcours européen de son histoire en atteignant les huitièmes de finale de la Ligue Europa, après avoir éliminé le Real Betis. En Coupe de France, les Rennais décrochent leur premier trophée majeur en 36 ans, en battant le Paris Saint-Germain en finale (2-2, 6-5 aux tirs au but).
L’année suivante, le club connaît une déception européenne en Ligue Europa, mais termine troisième de Ligue 1, se qualifiant pour la Ligue des champions pour la première fois de son histoire. En 2020, le Stade Rennais démarre fort en championnat, mais connaît des difficultés en Ligue des champions et une élimination précoce en Coupe de France. Néanmoins, le club finit la saison sur une note positive en se qualifiant pour la Ligue Europa Conférence sous la direction de Bruno Genesio, qui succède à Julien Stéphan.
Le Stade Rennais : Une saison marquée par des records et la Ligue Europa
Après un mercato de près de 80 M€, le Stade Rennais débute mal la saison, avec une seule victoire en six matchs. Cependant, après une large victoire 6-0 contre Clermont, le club enchaîne une série de 13 matchs sans défaite, terminant la 15e journée à la 2e place et se qualifiant pour les huitièmes de la Ligue Europa Conférence. Malgré des difficultés en fin d’année et une élimination en Coupe de France, Rennes se classe quatrième en championnat, se qualifiant pour la Ligue Europa et battant plusieurs records, dont celui du nombre de points en Ligue 1 (68).
La saison suivante, après un mercato prometteur, le club traverse une période difficile mais termine fort, avec quatre victoires consécutives. Rennes finit quatrième du championnat, réalisant une sixième qualification européenne consécutive. Le club bat également son record de victoires (21) et de points en Ligue 1, tout en décrochant des récompenses individuelles, dont celle de Bruno Genesio élu meilleur entraîneur de Ligue 1.
Le Stade Rennais : Objectifs manqués et changements au sommet
Après deux saisons consécutives à la quatrième place, le Stade Rennais fixe l’objectif du podium en Ligue 1 avec un mercato estival ambitieux, incluant des arrivées notables comme Enzo Le Fée, Ludovic Blas, et Nemanja Matić. Cependant, les résultats décevants en championnat, avec une 13e place à la mi-novembre, entraînent le départ de Bruno Genesio, remplacé par Julien Stéphan. Malgré une bonne performance en Ligue Europa et une qualification en huitièmes de finale, le club échoue à se qualifier pour les compétitions européennes à la fin de la saison.
En 2024, après plusieurs changements, notamment avec l’arrivée de Frederic Massara en tant que directeur sportif et Arnaud Pouille comme président, le Stade Rennais traverse une période difficile en championnat. Après un début de saison décevant, Julien Stéphan est limogé en novembre 2024 et remplacé par l’entraîneur argentin Jorge Sampaoli.
Si le Stade Rennais ne cesse de grandir et d’attirer l’attention à l’international, il demeure un club paradoxal : ambitieux, moderne, mais toujours à la recherche de ce trophée majeur qui lui permettrait de franchir un cap. Son avenir en Ligue 1 et en Europe semble prometteur, mais jusqu’à ce que la victoire en Coupe d’Europe ou un championnat viennent enrichir son histoire, Rennes restera ce club incontournable, mais sans véritable couronnement.