La perle fascine les hommes depuis les temps ancestraux. Pièce de prédilection des joailliers du monde entier, cette monnaie d’échange d’autrefois ne cesse de se réinventer pour donner vie à des bijoux sublimes et originaux. Voici son histoire.
L’histoire de la perle de verre est liée à celle des nombreuses civilisations qui se sont succédées, cette histoire nous est contée par Michaël Vessière, un passionné du verre qui sélectionne les plus belles perles pour ses créations : de la perle vintage de collection, aux créations contemporaines en Lorraine.
De Murano en Afrique, en passant par l’Asie, embarquez dans la découverte des plus belles perles du monde autrefois surnommées « perles de trocs ».
1. Retour sur l’histoire de la perle et son rôle de monnaie
Les fouilles archéologiques menées en Mésopotamie ont révélé que le verre existe depuis plus de 4000 ans.
L’invention du verre, notamment du verre soufflé, remonte ainsi à il y a près de 5000 ans. Très vite, la perle de verre s’impose comme un objet privilégié dans les échanges commerciaux.
Le premier empereur romain, l’empereur Auguste est l’un des premiers à repérer l’importante valeur marchande du verre. De nature rusée, il use de son pouvoir pour demander des objets en verre aux tribus de guerre vaincus d’Égypte, le centre verrier de l’époque.
En plus de se vendre aussi cher que l’or, les perles de verre de qualité participent au commerce de l’ivoire et de l’esclavage. La traite de l’esclavage transatlantique, la traite musulmane du VIIe et XIXe siècle ainsi que le commerce triangulaire dans le milieu du XVI étaient spécialement marquée par l’utilisation de la perle de troc.
Ce commerce abject aura duré environ trois siècles.
Dans le livre intitulé « Perle de troc african trade beads », il est indiqué que des milliers d’indigènes originaires d’Afrique ont traversé le désert du Sahara en direction de la mer Rouge et de la côte de l’océan Indien en échange d’armes, de vaisselle et de la verroterie.
Ce rôle de monnaie d’échange est ainsi à l’origine de la popularité internationale de la perle de verre.
Après l’Afrique, elle commence à se faire une place au Moyen-Orient, où elle sert principalement d’accessoire de décoration. L’amplification des échanges en Méditerranée donne encore plus de valeur à la matière qui voit sa popularité gravir tous les échelons en Europe.
D’époque en époque, les ateliers de productions innovent leur technique de travail du verre et développent leur propre savoir-faire. Certaines régions prennent même le monopole sur la production de la perle de verre.
Murano, l’île de la lagune vénitienne, compte parmi les géants dans le domaine avec ses légendaires perles de Murano. Encore aujourd’hui, elle est célèbre pour ses perles d’exception et le talent de ses maîtres-verriers.
Le succès du travail du verre s’étend ensuite vers la région de Bohême, en France.
Vers le XVIIe siècle, les artisans verriers de la région décident de produire de la silice, le sable essentiel à la création du verre, à partir de quartzites.
Réduits en poudre ces quartzites donnent naissance à de la silice plus pure que celle des verriers vénitiens.
À leur tour, les Anglais profitent de la forte demande mondiale pour créer un verre cristallin dont les caractéristiques avoisinent celles des artisans verriers de Murano. Bien que Venise n’a pas su garder le monopole sur le marché de la production de verre, ces créations demeurent parmi les plus estimées dans l’univers de la joaillerie.
2. Les minéraux, leurs utilisations à travers les âges
Comme la perle, les minéraux ne cessent d’émerveiller l’homme depuis la nuit des temps.
Leur beauté naturelle, leur rareté et leur forte symbolique ont notamment façonné leur statut d’objet de fascination, de commerce et de croyance auprès des différentes civilisations du monde entier.
De l’Or scintillant à la pierre Turquoise précieuse, chaque minéral retrace une importante signification culturelle et une histoire perpétrée par les récits de nos jours.
Depuis des millénaires, les minéraux sont vus comme des symboles d’un rang social élevé. Ces trésors s’imposent également comme étant des pièces emblématiques dans le domaine de l’art et de l’artisanat. On s’en sert pour créer aussi bien des bijoux, des sculptures que des objets décoratifs.
L’Égypte Antique était l’une des civilisations les plus éprises par les minéraux. Il prêtait des propriétés mystiques aux gemmes précieuses.
Pour les anciens Égyptiens, les minéraux étaient loin d’être de simples matériaux bruts, c’étaient des joyaux de la Terre chargés de mystère et de vertus.
Dans la liste des pierres les plus emblématiques de l’Égypte Antique se trouve le Lapis-Lazuli découvert il y a de cela 7000 ans. Ce spécimen habillé d’un bleu profond était extrait dans les mines installées en Afghanistan et faisait leur entrée en Égypte via un commerce bien établi.
Qualifié de pierre rare, le Lapis-Lazuli était uniquement destiné aux pharaons et membres importants de la société. Ce trésor rappelant la nuit étoilée incarnait la royauté, la sagesse et le pouvoir divin.
Les bijoux retrouvés durant les fouilles archéologiques témoignent de la grande implication des pierres dans la vie du peuple de l’ancienne Égypte.
C’est notamment le cas des bijoux en pierre Lapis-lazuli et Turquoise retrouvés dans les sarcophages des Pharaons d’Égypte. Ces joyaux précieux auraient eu pour mission d’accompagner les divinités durant leur passage vers l’au-delà.
La présence du minéral Lapis-Lazuli sur le fameux masque de Toutankhamon et de sa collection de bijoux en forme de scarabée confirme son caractère plus que précieux.
Les anciens Égyptiens avaient également l’habitude d’utiliser les pierres telles que le Quartz et le Cristal de Roche.
Les habitants de la Grèce Antique, eux, croyaient que les minéraux étaient une manifestation des Dieux et des forces de la nature. Les pierres fines à l’instar de la Cornaline et de l’Améthyste servaient dans la création de talismans et bijoux symbole de chance, de guérison et de protection.
Cette paire de bracelets faite en or sublimé de feuilles de vigne découpées datant de la Grèce Antique met parfaitement en valeur la beauté des minéraux. Ce joyau exposé au Musée Archéologique National d’Athènes est sublime pour son style et sa composition en pierre Améthyste et Grenat.
Encore aujourd’hui, les minéraux tiennent une place de choix dans la création de bijoux. Seules ou accompagnées de perles en verre, ces pépites continuent de susciter l’admiration des bijoutiers et fins connaisseurs du monde entier.
3. La perle de Murano, chevron ou millefiori
L’histoire de la ville de Venise comme haut lieu de fabrication artisanale de perles en verre remonte au XIIIe siècle.
Après la chute de Constantinople par les Ottomans en 1453, elle s’est imposée comme le refuge de nombreux artisans verriers byzantins. De nouvelles techniques et design artistiques prennent ainsi vie dans la Sérénissime Venise désormais élue : nouvelle capitale mondiale du verre.
Des perles de verre d’une grande beauté et riches en couleur y sont notamment produites à l’instar du Chevron et du Millefiori.
La perle à Chevron désigne la perle iconique utilisée comme monnaie d’échange en Afrique jusqu’au XXe siècle. Introduite sur le continent à partir du XVe siècle, les marchands et les indigènes de l’époque lui étaient familiers. On raconte également que Christophe Colomb était un grand fan de ce type de perle. Il aurait gardé ces petits trésors durant ses voyages à la conquête du Nouveau Monde.
Réalisée avec plus de sept couches de verre, la perle à Chevron est connue pour être une perle de grande valeur. Les collectionneurs de nos jours sont d’ailleurs prêts à débourser une fortune pour avoir une vraie perle à chevrons dans leur collection.
À Murano, la production de la perle à Chevron (aussi appelée Rosetta) débute vers la fin du XVe siècle. Les commerçants néerlandais de l’Ouest et d’Afrique centrale étaient de grands adeptes de ce beau trésor illustrant une étoile de douze pointes, entre la fin du XVe siècle et le début du XVIe siècle.
Selon les dires, une perle à Chevron pouvait acheter un esclave dans le commerce.
Après la perle à Chevron, le Millefiori ou Mille Fleurs est l’autre spécialité des artisans verriers au savoir-faire séculaire de Murano.
Cette perle mosaïquée retrace l’histoire d’un joyau utilisé depuis près de 3000 ans redécouvert à Venise durant la période de la Renaissance.
Cette pièce iconique star de notre collection de bracelets est réalisée à partir de longues baguettes à motifs que nous appelons « murrines ».
Ce sont ces murrines qui sont par la suite assemblées à la flamme sur un bloc de verre chaud enroulé tout autour d’une tige de cuivre dit « mandrin ».
Plus qu’un bijou, la perle Millefiori témoigne de la parfaite maîtrise des techniques par les maîtres-verriers de l’île Murano.
4. Le Cauri, la monnaie de coquillage
Le Cauri est aussi la forme de monnaie la plus utilisée par les civilisations anciennes. Originaires des eaux chaudes du Pacifique et de l’océan Indien, les différentes cultures africaines l’associent à un rang social élevé.
Ces petits coquillages de couleur blanche et de forme ovale incarnent aussi bien la richesse que la prospérité. Son utilisation s’étend d’Afrique en Asie, en passant par l’Océanie et l’Europe.
Aussi surnommés « porcelaine-monnaie », les Cauris doivent leur valeur à leur extrême rareté et à leur forme aussi distincte que soignée.
Des objets en bronze trouvés en Chine vers le XIIIe siècle avant Jésus-Christ retracent notamment la plus ancienne utilisation connue de cette monnaie d’échange.
Il existe d’ailleurs des idéogrammes de l’écriture chinoise qui font référence aux Cauris dans le contexte économique pour désigner la « monnaie », l’« argent », la « valeur », etc.
Le Cauri conservera son statut de moyen de paiement jusqu’au XXe siècle après Jésus-Christ avant de venir orner nos bijoux porteurs de symbole.
5. L’art de la perle africaine
Si les perles de Murano circulent en Afrique grâce au commerce des caravanes Arabes, l’essentiel y est produit depuis plus de 12 000 ans.
Connues pour leur couleur riche et variée, les perles en Afrique vont de pair avec la tradition. Utilisés en guise de parure depuis la nuit des temps, ces petits bijoux sont désirés pour leur esthétisme et leur grande valeur culturelle.
Dans certains pays d’Afrique, les perles servent même de talismans protecteurs capables d’éloigner les mauvaises énergies en plus de porter chance à son propriétaire.
Aujourd’hui, les principaux pays producteurs des fameuses perles africaines sont le Ghana, la Mauritanie, le Niger et le Nigéria.
Depuis le XVIIIe siècle, les futures générations reçoivent cet art ancestral en héritage et sont particulièrement fières de perpétuer leur tradition verrière.
Parmi les perles les plus anciennes et populaires d’Afrique, nous pouvons citer les perles Krobo produites dans les régions montagneuses du Ghana depuis le XVIIe siècle et les perles Bida fabriquées au Nigéria depuis la fin du XIXe siècle.