Diffusée depuis avril 2022 sur HBO Max, créée par J. T. Rogers, et inspirée de l’autobiographie du journaliste américain Jake Adelstein, la série Tokyo Vice de Michael Mann plonge le spectateur au cœur du milieu des yakuzas, des bars à hosts, du trafic de drogue et de la presse nippone et brosse un portrait dense de la société japonaise, de ses zones d’ombre et de son crime organisé.
D’une manière originale, elle a été tournée à la fois en anglais et en japonais pour lui donner une touche d’authenticité, dans la lignée des séries Netflix qui font la part belle aux productions locales, et donc aux langues des différents pays de production.
Après avoir été développée en tant que scénario de film, Tokyo Vice émerge d’une décennie d’élaboration sous la forme d’une série où le jeune et brillant acteur Ansel Elgort joue le rôle de Jake Adelstein, un jeune journaliste « gaijin » (c’est-à-dire étranger) qui pige pour le plus grand journal de Tokyo et mène une enquête trépidante à propos d’un clan de Yakuzas, les mafieux japonais. Cinéaste des paysages urbains, Mann (qui produit et réalise le premier épisode) nous fait découvrir Tokyo sur le terrain, du métro bondé aux bars à hosts en passant par la salle de rédaction dont les journalistes écrivent souvent ce que leur dicte la très stricte police nippone.
L’histoire principale met en scène l’enquête d’Adelstein à propos d’une série de meurtres et de suicides, causés en réalité par la prise de pouvoir de Tozawa, un Yakuza rebelle et ambitieux qui vient menacer l’ordre établi au sein de la mafia de Tokyo. Usurier, Tozawa prête en effet de l’argent à des personnes en difficulté, avant de les pousser au suicide et de récupérer sa mise sous forme de primes d’assurance-vie. Il organise également un trafic de meth, avec la complicité d’un policier corrompu qui lui assure l’impunité. Ses méthodes violentes et cyniques dérangent même au sein de la mafia et l’opposent à Ishida, un Yakuza plus traditionnel qui a bien du mal à rester aux affaires.
Les intrigues secondaires nous racontent les histoires de Samantha, une prostituée de club de luxe, d’origine occidentale, qui devient amie avec Jake, et informatrice, puis qui développe une relation amoureuse avec Sato, une jeune recrue du clan Ishida ; de Sato, qui commence la série en tant que bleu puis qui traverse une série d’épreuves qui l’endurcissent ; de Yamamoto, policier louche qui se vend toujours au plus offrant, que ce soit la presse ou les voyous ; de Katagiri, vieux policier intègre, qui prend Adelstein sous son aile et enquête lui aussi sur les méfaits de Tozawa ; et d’une série de personnages plus mineurs mais souvent vrais et attachants.
Après une première saison de huit épisodes au cours desquels ces intrigues s’entrelacent, s’enrichissent et montent en puissance, la tension dramatique (cf ce site) est à son comble et de nombreuses questions en suspens attendent leurs réponses : Adelstein deviendra-t-il un reporter digne de ce nom et survivra-t-il à sa dérangeante curiosité ? Samantha ouvrira-t-elle son club sans devenir victime de son alliance avec Ishida ? Sato survivra-t-il à ses choix de vie dangereux ? Tozawa réussira-t-il à s’implanter à Tokyo au détriment d’Ishida ?
Sans surprise, en juin 2022, HBO Max a annoncé que Tokyo Vice aurait droit à une deuxième saison. Arigato !