Compte à rebours de Noël : plus que 13 jours avant le réveillon de Noël

Le Sapin (adaptation du texte de Hans Christian Andersen)

Un beau sapin se dressait dans un bois. Il occupait une très belle place ensoleillée où l’air frais le caressait juste ce qu’il faut. Il était entouré de nombreux camarades de grande taille. Et le petit sapin aspirait à devenir comme eux.

Il n’aimait pas que les enfants des villages environnants courent et rient autour de lui, lorsqu’ils organisaient des cueillettes dans les bois. Les enfant s’asseyaient alors près de lui et disaient :

« Oh, qu’il est beau ! Quel joli petit sapin ! » et le petit sapin ne pouvait pas entendre ces paroles.

Après un an, alors qu’il avait beaucoup grandi et avait de beaux jeunes pouces. Mais il se lamentait :

« Oh, pourquoi ne suis-je pas un arbre aussi haut que les autres ! Je devrais pouvoir allonger mes branches et, avec ma cime, regarder le monde ! Les oiseaux viendraient construire leur nid dans mes branches et, quand il y aurait de la brise, je pourrais me pencher avec autant de majesté que les autres sapine ! »

Ni les rayons de soleil, ni les oiseaux qui chantaient, ni les beaux petits nuages qui se montraient matin et soir au dessus du bois ne faisaient plaisir au petit arbre.

En hiver, lorsque la neige brillait sur le sol, il arrivait qu’un lièvre arrivait en bondissant et en sautant par dessus le petit sapin. Cela le mettait en colère ! Mais deux hivers plus tard, alors qu’il allait avoir trois ans l’arbre avait assez grandi pour obliger le lièvre à le contourner.

« Grandir, grandir, et vieillir, et devenir grand. » N’arrêtait pas de penser le jeune sapin. « C’est, ce que je désire le plus au monde ! »

Chaque automne, les bûcherons venaient abattre quelques gros arbres. Et, cette année là, le jeune arbre avait atteint une taille satisfaisant. Il se mit donc à trembler à la vue des hommes et de leurs haches. Les magnifiques sapins abattus tombaient à terre avec grand bruit et des craquements. Les bûcherons découpaient maintenant les branches des arbres, qui semblaient encore plus longs et terriblement nus. Puis ils furent chargés sur des charrettes et emportés hors du bois.

Le jeune sapin se demandait :

« Où sont-ils allés ? Que sont-ils devenus ? »

Au printemps, les hirondelles et les cigognes revinrent dans le bois et l’arbre leur demanda :

« Ne savez-vous pas où ils ont été emmenés ? Ne les avez-vous rencontrées nulle part ? »

Les hirondelles n’en savaient rien ; mais une cigogne eut l’air songeur, hocha la tête et dit :

« Oui, je pense que je sais ; j’ai rencontré de nombreux navires alors que je venais d’Égypte ; sur ces navires se trouvaient de magnifiques mâts, et je pense que ce sont eux car ils sentaient vraiment le sapin, et ils étaient majestueux. »

« Oh, je n’étais pas assez grand pour naviguer sur la mer ! Mais à quoi ressemble la mer en réalité ? À quoi ressemble-t-elle ? »

« Cela prendrait beaucoup de temps à t’expliquer », déclara la cigogne, et après ces mots, parti.

« Réjouis-toi de ta croissance ! » disaient les rayons du soleil.

Et le vent frôla l’arbre, et la rosée versa quelques larmes sur lui.

Lorsque Noël arriva, de jeunes arbres furent coupés; des arbres qui parfois n’étaient même pas aussi grands ou du même âge que ce sapin, qui voulait toujours s’en aller. Les jeunes arbres, qui étaient parmi les plus beaux, conservaient leurs branches ; ils étaient déposés sur des charrettes, et les chevaux les emportaient hors des bois.

« Où vont-ils ? » demanda le sapin. « Ils ne sont pas plus grands que moi ; il y en avait même un qui était bien plus petit que moi ; et pourquoi les bûcherons ne leur coupent pas leurs branches ? Où sont-ils emmenés ? »

« Nous savons ! nous savons ! gazouillaient les Moineaux. « Nous avons jeté un coup d’œil aux fenêtres de la ville d’en bas ! Nous savons où ils sont conduits ! Le plus grand apparat et le plus grand éclat qu’on puisse imaginer les attendent. Ils sont ornés des choses les plus splendides, de pommes dorées, de pain d’épice, de jouets et de centaines de lumières ! »

« Et alors? » demanda le sapin tremblant de toutes ses branches. « Et ensuite ? Que se passe-t-il alors ? »

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« Nous n’avons rien vu de plus : c’était d’une beauté incomparable. »

« Je voudrais bien savoir si je suis destiné à une si glorieuse carrière », s’écria l’arbre en se réjouissant. « C’est encore mieux que de traverser la mer ! Quel désir ai-je ! Si Noël pouvait arriver vite !  Je serais dans une pièce bien chaude, puis quelque chose de meilleur, quelque chose de plus grand encore, suivra sûrement, ou pourquoi devraient-ils ainsi m’orner ? Quelque chose de mieux, quelque chose de plus grand encore, DOIT suivre, mais quoi ? Oh, comme je suis impatient, comme je souffre ! Je ne sais pas moi-même ce qui va m’arriver ! »

« Réjouis toi de notre présence ! » dirent l’air et le Soleil; « réjouis-toi de ta jeunesse ! »

Mais l’arbre ne se réjouissait pas du tout ; il grandi, grandi, et restait vert hiver comme été. Les gens qui le voyaient, disaient : « Quel bel arbre ! »

Et avant le Noël suivant, il fut l’un des premiers abattus. La hache frappa profondément dans son tronc ; l’arbre tomba à terre dans un soupir : il sentit un profond pincement, comme un évanouissement ; il ne pouvait penser au bonheur, il était triste d’être séparé de sa forêt, de l’endroit où il avait grandi. Il savait bien qu’il ne verrait plus ses chers vieux camarades, les petits buissons et les fleurs qui l’entouraient ; peut-être même plus les oiseaux ! Le départ n’était pas du tout agréable.

L’arbre ne revint à lui que lorsqu’il fut roulé dans une cour avec les autres arbres, et entendit un homme dire : « Celui-là est magnifique ! Nous ne prenons que celui-là. »

Puis deux domestiques vinrent et emportèrent le sapin dans un grand et splendide salon. Des portraits étaient accrochés aux murs, et près du poêle de porcelaine blanche se trouvaient deux grands vases chinois avec des lions sur les couvercles. Là aussi, il y avait de grands fauteuils, des canapés de soie, de grandes tables pleines de livres d’images et pleines de jouets valant des centaines et des centaines d’écus, du moins les enfants le disaient. Et le sapin était planté debout dans un tonneau rempli de sable : mais personne ne pouvait voir que c’était un tonneau, car du drap vert était accroché tout autour, et il était posé sur un grand tapis aux couleurs vives. L’Arbre se mit a trembler ! Qu’allait-il lui arriver ? Les serviteurs, ainsi que les demoiselles se mirent à le décorer. Sur une branche pendaient de petits filets découpés dans du papier de couleur, et chaque filet était rempli de prunes à sucre ; et sur les autres branches, des pommes et des noix dorées étaient suspendues, semblant y avoir poussé, et de petits cierges bleus et blancs étaient placés parmi les aiguilles. Des poupées étaient déposées dans son feuillage, et tout en haut une grande étoile de guirlande d’or était fixée. C’était vraiment splendide.

« Ce soir ! » disaient-ils tous ; « Il brillera magnifiquement ce soir! »

« Oh, » pensa l’arbre, « si le soir pouvait arriver ! Si les cierges pouvaient être allumés! Je me demande ce qui arrivera ensuite ! Peut-être que les autres arbres de la forêt viendront me regarder ! Peut-être que les moineaux battront des ailes contre les vitres ! Je me demande si je vais m’enraciner ici, et hiver comme été me garder couvert d’ornements !

Puis les bougies furent allumées. Quelle luminosité ! Quelle splendeur ! L’arbre tremblait tellement de chacune de ses branches qu’un des cierges enflamma son feuillage. Il s’embrasa.

« À l’aide ! » crièrent les demoiselles tout en éteignant rapidement le feu.

Après quoi, l’arbre n’osa même plus trembler. Dans quel état il était ! Il était si mal à l’aise de perdre de sa splendeur, qu’il était totalement déconcerté ; quand soudain la porte d’entrée s’ouvrit et un groupe d’enfants se précipita et manquèrent de le renverser. Les adultes, eux, étaient immobiles, mais cela ne dura pas ! Tous crièrent et leurs crient retentirent, ils se mirent à danser autour de l’arbre.

« De quoi parlent-ils ? » pensa l’arbre. « Que va-t-il se passer maintenant ? Et les bougies se consumaient et s’éteignaient les unes après les autres. Lorsqu’elles furent toutes éteintes les enfants eurent la permission de piller d’arbre. Ils se précipitèrent dessus avec une telle violence que toutes ses branches craquèrent. S’il n’avait pas été solidement fixé à un tonneau, il se serait effondré.

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Les enfants dansaient avec leurs nouveaux jouets, personne ne s’occupait plus de l’arbre, à part la vieille nourrice que observait entre les branches… Mais c’était uniquement pour voir s’il restait une figue ou une pomme.

« Une histoire ! une histoire ! crièrent les enfants en attirant un petit homme gras aurpès l’arbre. Il s’assit dessous et dit : « Maintenant, nous sommes à l’ombre, et l’arbre peut aussi écouter. Mais je ne raconterai qu’une seule histoire. Maintenant, laquelle voulez-vous : celle d’Ivedy-Avedy, ou celle de Klumpy-Dumpy ? »

« Ivedy-Avedy ! » criaient certains ; « Klumpy-Dumpy » crièrent les autres. Il y eut tant de braillements et de cris, le sapin seul se taisait, et pensait : « Est-ce que je dois brailler avec les autres ? Ou ne dois-je rien faire du tout ? »

Et l’homme raconta Klumpy-Dumpy qui fut battu, et monta malgré tout sur le trône et épousa la princesse. Et les enfants frappaient dans leurs mains et criaient : « Oh, continuez ! Continuez ! Ils voulaient aussi entendre parler d’Ivedy-Avedy, mais le petit homme ne leur parlait que de Klumpy-Dumpy. Le sapin se tenait tout à fait immobile et absorbé par ses pensées ; les oiseaux des bois n’avaient jamais rien raconté de pareil. « Eh bien, eh bien! qui sait, peut-être que je pourrais aussi épouserr une princesse ! » Et il attendait avec joie le lendemain, espérant être paré à nouveau de lumières, de jouets, de fruits,

« Je ne tremblerai pas demain », pensa le Sapin. « Je jouirai pleinement de toute ma splendeur. Demain, j’entendrai encore l’histoire de Klumpy-Dumpy, et peut-être aussi celle d’Ivedy-Avedy. » Et toute la nuit, l’arbre resta immobile et plongé dans une profonde réflexion.

Au matin, le domestique et la femme de chambre entrèrent.

« Maintenant, la splendeur va recommencer », pensa le sapin. Mais ils le traînèrent hors de la pièce et montèrent les escaliers du grenier ; et le laissèrent dans un coin sombre, où aucune lumière du jour ne pouvait entrer. « Que signifie cela ? » pensa l’arbre. « Que dois-je faire ici ? Que vais-je entendre maintenant, je me le demande ? Et il s’appuya contre le mur, perdu dans ses rêves. Il avait du temps pour ses réflexions ; des jours et des nuits passèrent, et personne ne vint ; et quand enfin quelqu’un entra, ce n’était que pour mettre de grandes malles dans un coin du grenier. L’arbre était tout à fait caché ; il semblait qu’il avait été entièrement oublié.

« A présent c’est l’hiver dehors ! » pensa l’arbre. « La terre est dure et couverte de neige ; les hommes ne peuvent pas me planter maintenant, et c’est pourquoi j’ai été mis ici sous abri jusqu’au printemps ! Comme c’est attentionné ! Comme l’homme est bon, après tout ! Même s’il fait sombre ici, et si je suis terriblement seul ! Pas même un lièvre. Dehors, dans les bois, c’était si agréable, quand la neige tombait au sol, et le lièvre sautait ; oui, même quand il sautait par dessus ma cime. Je suis vraiment terriblement seul ici ! »

« Couinez ! couinez ! dit une petite souris au même instant en sortant de son trou. Et puis un autre petit sorti. Ils reniflaient le sapin et fouillaient entre les branches.

« Il fait terriblement froid », dit la Souris. « Ce serait exquis ici, vieux, n’est-ce pas ? »

« Je ne suis pas du tout vieux », dit le sapin. « Il y a beaucoup d’arbres considérablement plus âgés que moi. »

« D’où venez-vous ? » demandèrent les souris ; « Et que peux tu faire ? » Ils étaient terriblement curieux. « Parlez-nous du plus bel endroit de la terre. N’y êtes-vous jamais allé ? N’allez vous jamais dans le garde-manger, où les fromages sont sur les étagères, et les jambons pendent ; cet endroit où on entre maigre et on ressort gras et corpulent ? »

« Je ne connais pas un tel endroit, » dit l’arbre, « Mais je connais les bois, où le soleil brille, et où les petits oiseaux chantent. » Et puis il leur raconte toute sa jeunesse ; et les petites souris, qui n’avaient jamais entendu parler de cela auparavant, l’écoutèrent et dirent :

« Comme tu devais être heureux ! »

« Oui, en réalité c’était des moments merveilleux. » Puis il raconta le réveillon de Noël, quand il était paré de gâteaux et de bougies.

« Oh, » dit la petite Souris, « que tu as eu de la chance, vieux sapin ! »

« Je ne suis pas du tout vieux », dit-il. « Je suis venu des bois cet hiver, je suis dans la fleur de l’âge et je suis assez petit pour mon âge. »

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« Quelles histoires délicieuses vous connaissez ! » dirent les Souris. Et la nuit suivante, elles vinrent avec quatre autres petites souris, qui devaient entendre ce que racontait l’arbre ; et plus il racontait, plus il se souvenait clairement de tout ; et il semblait que ces temps avaient vraiment été des temps heureux. « Mais ils peuvent encore revenir, ils peuvent encore revenir. »

« Qui est Klumpy-Dumpy ? demandèrent les souris. Alors le sapin raconta tout le conte de fées, car il en avait retenu chaque mot ; et les petites souris sautèrent de joie jusqu’à la cime de l’Arbre. La nuit suivante, deux autres souris sont venues, et le dimanche, deux rats ; mais ils dirent que les histoires n’étaient pas intéressantes, ce qui vexa les petites souris ; mais elles également commençaient à les trouver moins amusantes.

« Connaissez-vous une seule histoire ? » demandèrent les rats.

« Seulement celle-là, » répondit l’arbre. « Je l’ai entendu lors de ma plus belle soirée ; mais je ne savais pas alors à quel point j’étais heureux. »

« C’est une histoire très stupide. Tu n’en connais pas une sur le bacon et les bougies de suif ? Tu ne peux pas raconter d’histoires de garde-manger ? »

« Non, » dit l’arbre.

« Alors au revoir, » dirent les rats ; et ils rentrèrent chez eux.

Enfin les petites souris partirent aussi ; et l’arbre soupira : « Après tout, c’était très agréable quand les charmantes petites souris se sont assises autour de moi et ont écouté ce que je leur ai raconté. . »

Puis, un matin, une foule de gens sont venus et se sont mis au travail dans le grenier. L’arbre fut jeté au sol, mais un homme l’emporta vers l’escalier, où brillait la lumière du jour.

« Maintenant, une vie joyeuse va recommencer », pensa l’arbre. Il sentit l’air frais, le premier rayon de soleil… à présent il était dehors dans la cour. Tout passa si vite, il se passait tellement de choses autour de lui, que l’arbre en oublia complètement de se regarder. La cour jouxtait un jardin, et tout était fleuri ; les roses étaient si fraîches et si belles sur la balustrade, les tilleuls étaient en fleurs, les hirondelles passaient.

« A présent je vais vraiment profiter de la vie », dit-il, exultant, et étendit ses branches ; mais hélas il était tout flétris et jauni. Il était allongé, parmi les herbes et les orties. L’étoile dorée des guirlandes était toujours accrochée à sa cime et scintillait au soleil.

Dans la cour jouaient quelques-uns des enfants joyeux qui avaient dansé à Noël autour du sapin, et qui étaient si heureux à sa vue. L’un des plus jeunes couru et arracha l’étoile d’or.

« Regarde seulement ce qu’il y a encore sur le vilain sapin de Noël ! » dit-il en piétinant les branches, si bien qu’elles craquaient toutes sous ses pieds. Et l’arbre voyait toute la beauté des fleurs et la fraîcheur du jardin ; il s’est vu, et il souhaité retourner dans son coin sombre du grenier ; il pensa à sa première jeunesse dans les bois, au joyeux réveillon de Noël et aux petites souris qui avaient écouté avec tant de plaisir l’histoire de Klumpy-Dumpy.

« C’est fini, c’est passé ! » dit le pauvre arbre. « Si je m’étais réjouis quand j’avais une raison de le faire ! Mais maintenant c’est passé, c’est fini ! »

Et le garçon du jardinier coupa l’arbre en petits morceaux ; il en fit un tas. Le bois s’enflamma magnifiquement, il soupirait si fort ! Chaque soupir résonnait comme un coup de feu.

Les garçons jouaient dans la cour, et le plus jeune portait sur sa poitrine l’étoile d’or que l’arbre avait eue au plus beau soir de sa vie.

Combien de jours avant le réveillon de Noël ?

Il reste 13 jours avant le soir de Noël, avant de se réunir avec tous les siens autour d’une belle table, avant d’échanger les cadeaux soigneusement choisis.

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